Cours de français aux migrants

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Suite à la demande d’une association yverdonnoise s’occupant de migrants, « Les tisserands du monde », l’idée nous est venue en 2015 d’élaborer un projet de TMS pour les élèves de 4ème année qui se destinent à suivre la HEP.

En effet, les familles de migrants, placées par l’EVAM dans un immeuble-foyer du sud de la ville, demandaient de l’aide pour leurs enfants en difficulté scolaire. Cette demande, relayée par divers intervenants dans ce foyer, a débouché sur un projet d’appui à la lecture, pour ces enfants scolarisés à l’école de la rue de Montagny mais peu à l’aise dans leurs classes.

Deux groupes d’étudiantes de 4ème année se sont donc rendues deux fois par semaine après l’école dans des locaux du foyer afin d’améliorer le niveau des enfants n’ayant pas atteint les compétences demandées en lecture, ou manifestant un retard marqué par rapport à leur classe d’âge. Les quatre jeunes étudiantes ont suivi leur petit groupe d’élèves de 5-8 ans de novembre 2014 à avril 2015, tandis que trois autres étudiants ont accompagné des enfants un peu plus âgés dans un autre immeuble de l’Evam, au quartier de la Faïencerie.

Tous ont conduit leur projet avec une motivation très soutenue et un fort investissement de temps, d’imagination et d’affection à l’égard de ces enfants au passé souvent bien lourd, et aux conditions de vie difficiles. Cette expérience leur a non seulement donné un avant-goût de leur futur métier et des pratiques d’enseignement, mais encore les a confrontés à la problématique d’élèves allophones, à celle de l’asile, à celle d’institutions comme l’Evam, et aux enjeux de l’intégration.

Le partage fut dense, émouvant et les enfants, se sentant aimés et objets d’une attention toute particulière ont rapidement fait des progrès. Au mois d’avril, tous les enfants savaient lire, et avaient rattrapé une partie de leur retard. Quant aux étudiants, ils ont été transformés et enrichis au contact de la grande diversité humaine concentrée ici dans un tout petit immeuble de requérants venus des quatre coins du monde.

Marie-Christine Berney, professeur responsable du projet

Alexandra et Anastasia Témoignage d’Alexandra et d’Anastasia

« Nous avons évalué le niveau des élèves voulant participer à nos cours de français afin de voir lesquels avaient réellement besoin de ce complément et nous avons alors sélectionné certains d’entre eux. Nous nous sommes basées sur les connaissances des élèves que nous allions suivre durant 6 mois pour créer notre cours. Ils avaient tous de la peine avec l’alphabet, nous nous sommes alors dit que nous devions tout reprendre depuis le début. Suite à cela, nous avons consulté certains sites internet et avons choisi un dossier sur l’alphabet, puis un second sur les sons complexes et nous les avons nous-mêmes modifiés afin qu’ils soient plus appropriés à nos élèves. »

Témoignage d’Alexandra et Anastasia

« Nous avions le choix de donner nos cours une fois par semaine, mais nous avons décidé d’y aller deux fois par semaine car nous pensions que la progression de nos élèves serait doublement visible. Le fait de les voir si réjouis à l’idée de prendre des cours de français a également été un facteur qui nous a poussées à faire ce choix. Lorsque nous constations que nos élèves avaient de la difficulté sur un point précis, nous préparions des exercices durant le week-end afin qu’ils s’améliorent. »

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Image 2 Témoignage de Mara et Sara

« Un grand lien s’est formé entre ces enfants et nous ; ils nous ont appris autant de choses que nous leur avons apprises. Ces enfants ne possèdent rien, mais ils semblent heureux et de bonne humeur tout le temps ; ils ont vécu et vivent une vie difficile, mais ne semblent pas forcément plus malheureux qu’un autre enfant. Nous pensons simplement qu’ils ont appris à vivre avec ce qu’ils ont. Nous pensons qu’ils sont un exemple pour tout le monde, car ils semblent heureux même s’ils n’ont pas de chambre pour eux, même s’ils ne possèdent pas les plus beaux vêtements et le dernier appareil électronique à la mode. Ils vivent simplement en espérant peut-être un jour avoir une qualité de vie supérieure, en gardant espoir et sourire. »

Témoignage de Mathieu

« Avec sa maîtresse, nous avons décidé de faire plusieurs choses avec Fouad. Pour commencer, il fallait qu’il s’entraîne à lire. Du coup, je suis allé à la bibliothèque d’Yverdon emprunter deux livres adaptés à son niveau pour qu’il choisisse celui qui lui plaisent. Fouad commence par lire seul dans sa tête. Ensuite, il raconte ce qu’il a compris, et à la fin, quelques questions lui sont posées sur le livre. Pour ce qui est du vocabulaire, qu’il doit apprendre pour chaque vendredi, je lui dicte les mots et on regarde ses erreurs ensemble. Ainsi chaque jeudi, avant de commencer le cours, je vais à l’école de Fouad chercher différents exercices et discuter un peu avec la maîtresse. »

 

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