1. Et les pucerons attaquent…
Les arbres du gymnase ont été plantés à l’automne 2015. Et depuis, à chaque printemps, le même problème se pose: les pucerons envahissent la culture et se jettent sur le jeune feuillage: ils se nourrissent de la sève des plantes, et comme leur salive est également nocive, les feuilles se recroquevillent et se dessèchent. Aux printemps 2016 et 2017, nous avons effectué à plusieurs reprises des traitements biologiques au savon noir. Les pucerons sont censés « patiner » sur les feuilles et être ainsi empêchés de nuire. En réalité, cette méthode n’a pas donné de résultats satisfaisants. Il faudrait traiter à l’apparition des premiers pucerons et de manière très répétée afin d’empêcher leur prolifération qui est extrêmement rapide.
2. Quel traitement : insecticide ou traitement biologique ?
En 2018, devant l’échec du traitement au savon noir et l’invasion des pucerons, nous avons hésité à recourir à des insecticides. Le zolone, interdit dans le cadre d’une culture biologique, a été écarté. Par contre, un traitement au pyrêtre, autorisé et vendu comme « biologique » a été évoqué. Nous y avons cependant renoncé à la réflexion, après discussion avec le groupe d’apiculture mené par Frédéric Dind (maître de biologie) : en effet, comme le rappelle Frédéric Dind, les abeilles se nourrissent du miellat, liquide sécrété par les pucerons. Si ces derniers sont éradiqués par le biais d’un produit chimique, les abeilles absorbent également une certaine quantité du pesticide. Il faudrait au moins traiter le soir afin de retarder le moment où les abeilles entrent en contact avec le produit, en espérant que celui-ci se soit déjà en partie dissous.
Devant ce dilemme, et sachant qu’il n’y a que très peu de pommes cette année, nous avons préféré renoncer au pesticide, prenant ainsi le risque de sacrifier le feuillage de la culture pour cette saison, mais en contribuant à préserver la santé des abeilles. Les arbres en sortiront affaiblis, mais ne courent pas de risques vitaux.
3. La bête à bon dieu
Par contre, nous avons commandé des larves de coccinelles Adalia ainsi que des larves de chrysopes, deux insectes indigènes en Suisse qui sont des prédateurs des pucerons. Commandées au Biogarten Andermatt, ces deux boîtes de respectivement 100 larves de coccinelles et 100 de larves de chrysopes coûtent 64.50 (coccinelles) et 27.00 (chrysopes). Ce moyen de lutte biologique est donc bien plus coûteux que le recours à un pesticide. Par ailleurs, entre la commande (le 27 mai 2018) et la réception des sets (le 6 juin 2018), plus d’une semaine s’est écoulée. De plus, les larves ne doivent pas être conservées dans leur boîte plus d’un jour ou deux, et la température de stockage devrait se situer entre 5 et 8°. Des conditions qu’il n’est pas sûr que la Poste remplisse durant le transport depuis la Suisse allemande… Nous avons craint également de ne pas avoir déposé suffisamment de larves pour l’ensemble des arbres. Cette crainte n’était en réalité pas fondée: le 26 juin, trois semaines après le lâcher des larves, Jean-Pierre Masclet (M. Jardinier de la RTS) était enchanté des résultats. Seul un arbre était encore envahi de pucerons, et deux coccinelles s’occupaient d’eux… Or une coccinelle peut semble-t-il dévorer 150 pucerons par jour!
4. Désherbage de la plantation
Lundi 28 mai 2018, de 11h40 à 13h10, un groupe d’élèves volontaires (sur inscription lors de la 3e Journée de la Terre nourricière le 15 mai 2018: Alexandre Nunes Clemente, Jules Vuilliamoz, Adrien Fontannaz, Hugo Perret, Thomas Stucker, Natan Maeder et Jeremy Olivier) s’est attelé au désherbage de la plantation ainsi qu’à l’élimination des feuilles et rameaux trop atteints par les pucerons. Nous avons bénéficié de la présence de Jean-Pierre Masclet qui nous a également expliqué les principes de la taille en vert: après la taille d’hiver, certains rameaux se développent parallèlement. Or, les extrémités des branches principales, doivent toujours être les plus longues. Si les trois ou quatre pousses situées en dessous se développent, il faut les raccourcir en conservant les cinq premières feuilles.
En passant en revue le verger, M. Masclet a remarqué qu’un arbre (Ariwa) était attaqué par une chenille, la zeuzère, qui s’attaque au tronc en y perçant une galerie. Après avoir ouvert le tronc, M. Masclet a, à l’aide d’un canif, tenté de tuer l’insecte. J’ai ensuite colmaté la plaie de l’arbre avec de la résine naturelle. Malheureusement, cet arbre s’est rompu deux semaines plus tard durant un gros orage. Il faudra le remplacer.
La séance s’est achevée par une pizza « dans les arbres » en compagnie de Jean-Pierre Masclet et de Frédéric Dind.
5. Développer des stratégies « efficaces et respectueuses de l’environnement »
Le lâcher de larves de chrysopes et de coccinelles contre les pucerons s’est donc avéré efficace. Afin de lutter plus efficacement l’an prochain, il faudra être très vigilant en début de saison et commander les larves plus tôt, à l’apparition des tout premiers pucerons. Et, sur le conseil de J.-P. Masclet, il faut absolument traiter à l’huile végétale (colza) dès le débourrage au printemps, sachant que les pucerons hivernent dans les arbres.
En conclusion, le problème majeur qui se pose dans ces premières années de notre culture fruitière est celui de la lutte biologique contre les prédateurs, en particulier les pucerons. Il serait bien facile et très efficace de recourir à un pesticide. Mais il faut être conscient que, même certifié biologique, un pesticide reste une substance qui tue les organismes vivants, quels qu’ils soient, et qui se montre par conséquent nocif pour les coccinelles et les abeilles, mais en fin de compte également pour l’être humain au bout de la chaîne alimentaire.
La véritable lutte biologique doit passer par d’autres moyens, et c’est à nous aujourd’hui d’y réfléchir et de développer des stratégies à la fois efficaces et respectueuses de l’environnement. Il y a là matière à réflexion… dans le cadre d’un TM ou d’un TP de biologie par exemple?
En cas d’intérêt, n’hésitez pas à prendre contact avec vos enseignants de biologie, avec Frédéric Dind (groupe d’apiculture), Christian Henchoz (développement durable) notamment ou encore Muriel Bovey (responsable du verger du gymnase).
Au nom du groupe arboriculture
Muriel Bovey