Un fléau, le littering

« Ben quoi, je paie mes impôts. La voirie n’a qu’à faire son boulot ! » Voici la réponse que tel journaliste a reçue d’un fêtard aviné lorsqu’il lui demandait s’il comptait laisser les restes de sa petite bamboula sur la plage d’Yverdon après une nuit animée et joyeuse. Le noceur aurait tous les droits. Le noceur serait roi de la fête et aurait mille esclaves à son service. A cette enseigne, le littering semble avoir de beaux jours devant lui, entendez le fait de jeter et abandonner au sol ses immondices, littéralement sa litière, tout comme un animal laisse derrière lui des ossements… et des crottes.

GYY - Déchets dans la cour

Les déchets jetés par terre en un jour sur NOTRE site du GYYV ! (photo: M. Montone)

 

Mais c’est oublier que la voirie a autre chose à faire, qu’elle compte juste assez d’employés pour assurer les tâches nécessaires à l’embellissement de la ville, en comptant sur des habitants civilisés, humanisés, et sans devoir lutter contre l’enlaidissement dû à des individus dont la responsabilité se dilue dans l’alcool, dans l’imitation des autres, et dans l’obscurité de la nuit, genre « Pas vu pas pris ! ».

« Et puis, mon bon monsieur, qu’est-ce que c’est qu’un sachet de fast food dans l’immensité de la nature ? » ajoute l’automobiliste qui se débarrasse, en bord de route en bord de champ des multiples emballages dégoulinant de ketchup menaçant de souiller sa sacro-sainte voiture. Là encore, le consommateur-roi a la vue courte. En effet, tôt ou tard le gobelet, l’étui cartonné, entier ou pulvérisé par une faucheuse, finira par rester en travers du gosier d’une vache, d’une biche, d’une mésange et la faire crever… quand il ne finira pas, entraîné par une rivière dans un fleuve et par ce fleuve dans la mer, par constituer, au fil des courants, une sorte d’île géante de plastique au milieu des océans. Le pollueur, on l’a compris, est méchamment naïf ou, plus certainement, de très très mauvaise foi.

Reste à savoir ce que ce fléau révèle et quelles sont ses causes véritables. Malgré les apparences, on sent vite qu’il ne s’agit pas de jeter la pierre au seul consommateur. Sans doute ce dernier se montre-t-il contradictoire car il est le premier à clamer, de jour et à jeun, des slogans en faveur de la protection de la nature… et à finir sa petite manifestation chez McDo avec ses camarades de lutte. Mais il faut voir que ce consommateur, imitant ses voisins, obéit à une sorte d’ordre général, de contre-exemple impérieux donné par toutes les publicités, par tous les commerces alimentaires qui dépériraient sans les grillades estivales nocturnes « tchch – tchch».

Par conséquent, le littering est certes une question d’éducation et de responsabilité individuelle, mais surtout un vrai problème de société.

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